Le projet Musiques pour l’œil porte sur des œuvres françaises du XIXe siècle tardif dans lesquelles sujet visuel et dimension sonore sont séparés. Cette période temporelle coïncide avec les débuts de l’expérimentation dans le domaine de l’enregistrement sonore, mais précède l’intégration de la radio et du cinéma à la culture française. Pendant deux jours, des chercheurs des domaines de la musicologie, des études théâtrales et de la danse se réuniront en atelier pour présenter les résultats de travaux qui tiennent de la recherche en action et de la recherche-création. Les séances permettront de présenter les résultats d’études antérieures, de stimuler un travail collaboratif pour affiner la compréhension au présent, et de planifier de futures créations artistiques centrées autour de genres où le visuel et le sonore sont scindés : le spectacle de marionnettes et le théâtre d’ombre musicaux, le mélodrame musical, le mime accompagné de musique, les tableaux vivants, les mystères scéniques et les spectacles de lanterne magique. Parallèlement, des chercheurs et des étudiants dans les domaines de l’interprétation musicale, des marionnettes et du jeu d’acteurs humains vont répéter et offrir une prestation d’œuvres illustrant ces genres : des extraits de La Tempête de Shakespeare pour théâtre de marionnette dans l’adaptation française de Maurice Bouchor, musique d’Ernest Chausson, et de la pièce Pierrot assassin de sa femme de Paul Margueritte, musique de Paul Vidal, pour mime et accompagnement musical. Des extraits de la musique de Georges Fragerolle pour Les Sphinx, une pièce de théâtre d’ombres d’Henri Rivière, seront également exécutés avec une projection d’images de la production originale.
La reprise de La Tempête revêt un intérêt particulier parce que le type de marionnette à clavier et la version originale de la musique pour septuor sont tous les deux perdus. De plus, les enregistrements modernes de la version orchestrale de la musique de Chausson omettent les passages de récitation sur la musique, clairement identifiés comme « mélodrame ». Ainsi, la prestation du 31 mai 2017 va contribuer à l’avancement de la recherche sur trois points : la reconstitution de l’instrumentation pour septuor, le rétablissement de la voix parlée dans les sections de mélodrame et la restitution de la composante visuelle avec des marionnettes à clavier construites d’après des descriptions et des dessins de l’époque.