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Journée d’étude
Une journée d’étude consacrée au projet Musiques pour l’oeil se tiendra au College Vanier les 31 mai et 1er juin prochains. Pendant deux jours, des chercheurs des domaines de la musicologie, des études théâtrales et de la danse vont se réunir en atelier pour présenter les résultats de travaux qui tiennent de la recherche en action et de la recherche-création. Les séances permettront de présenter les résultats d’études antérieures, de stimuler un travail collaboratif pour affiner la compréhension au présent, et de planifier de futures créations artistiques centrées autour de genres où le visuel et le sonore sont scindés : le spectacle de marionnettes et le théâtre d’ombre musicaux, le mélodrame musical, le mime accompagné de musique, les tableaux vivants, les mystères scéniques et les spectacles de lanterne magique. Parallèlement, des chercheurs et des étudiants dans les domaines de l’interprétation musicale, des marionnettes et du jeu d’acteurs humains vont répéter et offrir une prestation d’œuvres illustrant ces genres : des extraits de La Tempête de Shakespeare pour théâtre de marionnette dans l’adaptation française de Maurice Bouchor, musique d’Ernest Chausson, et de la pièce Pierrot assassin de sa femme de Paul Margueritte, musique de Paul Vidal, pour mime et accompagnement musical. Des extraits de la musique de Georges Fragerolle pour Les Sphinx, une pièce de théâtre d’ombres d’Henri Rivière, seront également exécutés avec une projection d’images de la production originale.
Conférenciers invités : Rapahaèle Fleury, Barbara L. Kelly, Alexis Luko, Michela Niccolai, Julie Pedneault-Deslauriers, Didier Plassard, Stephanie Schroedter
PROGRAMME
Raphaèle Fleury (Institut international de la marionnette)
Raphaèle Fleury est docteure de l’université Paris-Sorbonne en Littérature et civilisation françaises, historienne de la marionnette et titulaire de la chaire ICiMa. Elle est l’auteure des ouvrages La Marionnette traditionnelle (Musées Gadagne, 2010) et Paul Claudel et les spectacles populaires, le paradoxe du pantin (Classiques Garnier, 2012), et contribue à différentes publications sur la marionnette (E pur si muove !, Puck ; ouvrage La Marionnette : objet d’histoire, œuvre d’art, objet de civilisation, Labex ARTS H2H / IIM / L’Entretemps, 2014) ou sur Claudel (Bulletin de la Société Paul Claudel, Classiques Garnier).
Chef de projet du Portail des Arts de la Marionnette (PAM : www.artsdelamarionnette.eu) de 2009 à 2011, elle développe à Charleville-Mézières, depuis 2012, le pôle Recherche et documentation de l’Institut International de la Marionnette, qui coordonne les activités patrimoniales, documentaires, scientifiques et éditoriales de la structure. Celui-ci oeuvre notamment à l’accompagnement des jeunes chercheurs, à la proposition de dispositifs pour favoriser la recherche des artistes, et porte ou accompagne, outre les axes de développés au sein de la Chaire ICiMa, des programmes de recherche sur l’histoire de la marionnette ainsi que sur la documentation des processus de création et de transmission. De 2011 à 2014, en co-direction scientifique avec Julie Sermon (Université Lyon 2), elle a ainsi coordonné le cycle de recherche « Censures / propagandes / résistances »en partenariat avec THEMAA et la BnF, et le colloque international « Marionnettes et pouvoirs »(publication en préparation), qui souhaitait marquer l’ancrage des arts de la marionnette dans la société. Cette préoccupation connaît aujourd’hui un nouveau développement avec la mise en place en 2016 de la Chaire d’innovation sociale ICiMa, co-portée par l’IIM et par le Cnac, au sein de laquelle sont développés des projets de recherche relatifs aux matériaux, au geste et au mouvement et à la terminologie multilingue des arts de la marionnette (icima.hypotheses.org).
Ancienne élève de l’Atelier-Ecole Charles Dullin, elle mène depuis 2001, parallèlement à ses recherches, une activité de praticienne (jeu, animation, dramaturgie, mise en scène) et de pédagogue (enseignement secondaire, Nacre, ESTBA et l’Ecole Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette, où elle est chargée de cours d’histoire de la marionnette). Elle collabore actuellement en tant que librettiste et dramaturge avec le compositeur Marc-André Dalbavie pour la création mondiale du Soulier de satin de Paul Claudel en opéra, dans une mise en scène deStanislas Nordey à l’Opéra national de Paris.
Barbara L. Kelly (Royal Northern College of Music)
The Influence of African Sculpture on Music Theatre and Ballet Staging in Paris (1916-1924)
This presentation explores a rise in musical works for the stage that require costumes that are extremely large, resemble sculptures, and completely inhibit movement. Thus they make of their actors and singers immobile puppets or speaking edifices. This trend may have been partly rooted in a widespread fascination for the German Oskar Schlemmer’s 1916 Triadisches Ballet, which featured similar costumes designed by artists at Walter Gropius’s Bauhaus, and also partly inspired by Schoenberg’s Pierrot Lunaire. At the same time, in Schlemmer’s ballet, the dancers actually engage in human motion, which is not at all the case for the Parisian works. Indeed, there exists a specifically French source for this trend – a prevailing interest in African sculpture during World War I that was fuelled by Paul Guillaume and Guillaume Apollinaire’s efforts to exhibit it as art after 1911. Mere exposure and curiosity aside, a major force behind the integration of these « African sculpture costumes » in staged musical works of the late 1910s and 1920s was Guillaume and Apollinaire’s deliberate pairing of the « African » with the « modern ». They reveal a contemporary preoccupation with stories of human origins.
The presentation will look at the artistic circle around Guillaume Apollinaire and Paul Guillaume, including Blaise Cendrars, Amedeo Modgliani, Pierre Bertin, John Cocteau and Erik Satie. It will consider artistic happenings where music came into contact with African sculpture at the Lyre et Palette and Vieux Colombier during the Great war and will focus on two musical-dramatic collaborations, Honegger and Paul Méral’s Le Dit des jeux du monde and Milhaud and Cendrar’s La Création du monde.
Barbara L. Kelly is Professor of Music and Director of Research at the Royal Northern College of Music. She is also a Vice-President of the Royal Musical Assocation. Her research is focused on French music between 1870 and 1939. She has published two monographs: Music and Ultra-Modernism in France: A Fragile Consensus, 1913-1939 (Boydell, 2013) and Tradition and Style in the Works of Darius Milhaud, 1912-1939 (Ashgate, 2003). She is also contributing editor of French Music, Culture, and National Identity, 1870-1939 (Rochester, 2008) and, with Kerry Murphy, Berlioz et Debussy: Sources, Contexts and Legacies (Ashgate, 2007). She has a forthcoming edited collection with Christopher Moore: Music Criticism in France, 1918-1939: Authority, Advocacy, Legacy, and is working on a study of concert life in France during the First World War and the Interwar period. She regularly curates concerts linked to her research projects and communicates her research to diverse audiences at festivals, public lectures, and on the BBC. She has recently received research funding from the Arts and Humanities Research Council and the European Commission.
Alexis Luko (Carleton University)
[Résumé à venir]
Alexis Luko is an Associate Professor of Music in the School for Studies in Art and Culture and the College of the Humanities at Carleton University in Ottawa. She holds a Ph.D. from McGill University and previously worked as a Visiting Professor at the Eastman School of Music and the College Music Department at the University of Rochester. She has published articles in Music in European Cinema (forthcoming), the Journal of Film Music, TVNM, the Journal of Plainsong and Medieval Music, Early Music History, The Journal of Music History Pedagogy, The Encyclopedia of Music in Canada, and The Cambridge Wagner Encyclopedia. At Carleton, she teaches courses on film music, Baroque opera, Richard Wagner, gender and music, and music of the Medieval and Renaissance eras. Her book, Sonatas, Screams, and Silence : Music and Sound in the Films of Ingmar Bergman, was published in 2015 by Routledge.
Michela Niccolai (LaM/Université Libre de Bruxelles)
Entre ombres et lumières. Les spectacles du théâtre d’ombres au Chat Noir
Parmi les diverses formes de spectacle qui se déroulent au Chat Noir, célèbre cabaret parisien, le théâtre d’ombres est sans doute le plus connu. Si ce genre a contribué à la renommée du lieu qui l’héberge, les études qu’il a suscité s’intéressent rarement à la synergie qui existe entre ses diverses composantes artistiques (musique, poème, décor, ombres et lumière). La nouveauté des zincs (silhouettes représentants les personnages de l’intrigue) et les ombres attirent davantage l’attention des critiques et des musicologues encore aujourd’hui.
Plusieurs compositeurs alternent dans la composition de musique pour le théâtre d’ombres situé rue Laval : Albert Tinchant, Charles de Sivry, Claudius Blanc et Léopold Dauphin. La personnalité sans doute la plus originale est toutefois celle de Georges Fragerolle, qui partage avec Debussy des études musicales avec Ernest Guiraud. Auteur des poèmes et de la musique, il conçoit cette forme expressive comme une nouvelle création dramaturgique et musicale, dans laquelle l’aspect visuel est l’une des sources d’inspiration. Le théâtre d’ombres est ainsi considéré comme un genre à part entière qui, suivant l’exemple wagnérien du « Gesamtkunstwerk » (art total), assouplit les frontières entre musique savante et musique populaire.
Après avoir esquissé un rapide historique des représentations des ces spectacles, nous nous attacherons à analyser notamment deux partitions de Fragerolle : La Marche à l’étoile (1890), « mystère en 10 tableaux » (1890 avec ombres et décors d’Henri Rivière) et Le Sphinx « épopée lyrique en 16 tableaux »(1896 avec ombres et décors d’Amédée Vignola).
Michela Niccolai, musicologue, Docteur de recherche en Musicologie (Saint-Étienne/Pavie) est actuellement chargée du travail de catalogage et identification du Fonds Bornemann au Palazzetto Bru-Zane. Elle a terminé un contrat post-doctoral à l’Université de Montréal (OICRM, 2010-2012) avec un projet autour des écrits musicaux et sociaux de Gustave Charpentier (en préparation chez Vrin). Elle a consacré une monographie consacrée à ce compositeur, La Dramaturgie de Gustave Charpentier (Brepols, 2011), issue de sa thèse doctorale. Pour le même éditeur, elle a publié la première édition critique de mise en scène lyrique : Giacomo Puccini et Albert Carré : « Madame Butterfly » à Paris (2012 ; 1er prix ‘Gouden Label’ Award 2014, Klassiek Centraal, Belgique), suivie par l’édition critique de la mise en scène de la création de Pelléas et Mélisande de Debussy (Brepols, sous presse, printemps 2017). Elle a également été chef de projet à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (Paris) pour la réalisation du nouveau catalogue des mises en scène lyriques du fonds de l’Association de la Régie théâtrale. Auteur de plusieurs ouvrages collectifs et de nombreux articles sur l’opéra en France et en Italie à la fin du XIXe siècle, elle s’occupe aussi des formes de spectacle liées au théâtre musical léger (opérette, music-hall, café-concert, chanson…).
Julie Pedneault-Deslauriers (Université d’Ottawa)
[Résumé à venir]
Julie Pedneault-Deslauriers est professeure agrégée de théorie musicale à l’Université d’Ottawa. Ses recherches se concentrent sur la forme musicale, la musique de Clara Wieck-Schumann et la seconde école de Vienne. En plus d’avoir publié des articles dans différentes revues savantes dont Music Theory Spectrum, The Journal of the American Musicological Society, Music Theory Online etThe Journal of Musicology et un chapitre dansWhat is a Cadence? (Leuven University Press), elle a co-dirigé le collectif Formal Functions in Perspective : Essays in Musical Form from Haydn to Adorno (University of Rochester Press). Pedneault-Deslauriers est récipiendaire du Prix Chercheur émergent 2015-2016 de la Société québécoise de recherche en musique.
Didier Plassard (Université Paul Valéry – Montpellier III)
Sculptures mouvantes : Des poétiques symbolistes de la marionnette à la Surmarionnette d’Edward Gordon Craig
Cette communication se propose d’examiner un mouvement apparu dans plusieurs aires culturelles européennes entre 1880 et 1910. En réaction aux libertés grandissantes prises par les acteurs-vedettes et à l’encombrement croissant du théâtre par les décors et par les figurants, les Symbolistes ont rêvé d’un art de la scène désincarné, presque minéral, aux gestes rares, aux corps et aux visages rigidifiés. Cet horizon artistique s’est décliné en différents projets, les uns imaginés, les autres réalisés (marionnettes à clavier du Petit Théâtre de la Galerie Vivienne, masque et marionnette chez Alfred Jarry, mannequin de cire chez Maurice Maeterlinck) et surtout dans la « Surmarionnette » d’Edward Gordon Craig. En examinant quelques-unes des traces documentaires laissées par ces utopies artistiques, nous réfléchirons aux prolongements qu’elles peuvent rencontrer dans les pratiques scéniques contemporaines.
Didier Plassard est professeur en études théâtrales à l’Université Paul Valéry (Montpellier). Il a notamment publié L’Acteur en effigie (L’Age d’Homme, 1992), Les Mains de lumière (Institut International de la Marionnette, 1996, rééd. 2005), le Théâtre des fous d’Edward Gordon Craig (L’Entretemps, 2012), Mises en scène d’Allemagne(s) de 1968 à nos jours (CNRS Éditions, 2014), le n° 20 de Puck (Humain – Non humain, avec Cristina Grazioli, 2014) et le n° 28 (La marionnette sur toutes les scènes) d’ArtPress2 (avec Carole Guidicelli, été 2015). Il est membre du conseil d’administration de l’Institut International de la Marionnette et chevalier des Arts et des Lettres.
Stephanie Schroedter (Freie Universität Berlin)
Nouveaux tableaux de Paris musical : Kinaesthetic listening in dance cultures at the age before the technical reproducibility of sound
My study on spaces for movement and sound in Paris between 1830–1870 centers on the stunning production of popular arrangements of ballet melodies. Against this backdrop a specifically physical practice of listening may be widely established, one that considers music an audible form of motion that is perceived through kinaesthesia. In my paper I will investigate how this concept of kinaesthetic listening may be applied to the reception of dance and music in puppet theatre.
Stephanie Schroedter works in the areas of musicology, dance, and theatre studies. She has received fellowships from the German Academic Exchange Service (DAAD, “Maison des sciences de l’homme” programme) and the Deutsches Historisches Institut Paris (DHI), as well as the German National Academic Foundation (DFG, from 2008–2012). Her second monograph Paris qui danse. Bewegungs- und Klangräume einer Großstadt der Moderne, will be published in 2017.
Concerts
Shakespeare, Poe, Chausson, Caplet : Récits pour l’oreille, Musiques pour l’oeil
20 octobre 2016, Faculté de musique, Université de Montréal
Premier événement visant la recréation de La Tempête de Maurice Bouchor et Ernest Chausson d’après Shakespeare, oeuvre pour théâtre de marionnette à claviers. Venez entendre un extrait de cette oeuvre complétée d’après des sources manuscrites par Aleksey Shegolev et assister à une démonstration du prototype de marionnette tout juste arrivé de l’atelier de Mirek Trejtnar à Prague! Concert présenté dans le cadre du colloque Musique – Disque – Radio en pays francophones, 1900-1950.